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dimanche 27 novembre 2011

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UN COURS DE TANGO ARGENTIN À PARIS

Cours (tous niveaux) d’Andrea Bordos 
chaque mardi soir au Théâtre de verre
Andrea Bordos enseigne le tango depuis près de 25 ans en France. Depuis deux ans, elle donne un cours « tous niveaux » au Théâtre de Verre, un lieu symbolique, ancien entrepôt désaffecté, transformé en espace culturel tout public. 
Pour elle, ce cours est un vrai défi : aucun élève n’a le même niveau, ils ne viennent pas toujours régulièrement et de nouveaux font souvent leur apparition en milieu d’année. Andrea doit pourtant réussir à faire un cours intéressant et adapté à tous. 
« J’ai choisi de travailler sur les bases et la répétition de pas simples. Je leur apprends les éléments fondamentaux du tango : la marche, le rythme, l’écoute entre les deux partenaires et au sein d’un groupe. L’idée est de leur donner les clés pour qu’ils comprennent la logique de la danse, et puissent après improviser pendant le bal. » 
Le cours est en effet suivi d’une pratique de 3 heures, et chacun doit être capable de s’adapter à n’importe quel partenaire.
Andrea a appris le tango il y a plus de 30 ans en Argentine. Elle se souvient que pendant les cours qu’elle prenait, les élèves tentaient simplement de reproduire les pas des professeurs, sans en comprendre vraiment le détail.
« Il n’y avait aucune analyse du mouvement, c’était juste une copie. Et ça marchait parce qu’en Argentine, tout le monde est baigné dans le tango depuis toujours. La musique est omniprésente, et on connaît forcément quelqu’un parmi les membres de notre famille ou nos amis qui le danse. En France, il serait impossible d’apprendre aux gens simplement par mimétisme. Ils doivent comprendre le sens du pas, de la musique. C’est toute une culture à transmettre, comme une langue étrangère ! » 
Elle a donc adapté ses cours et sa manière d’enseigner au public français. Mais elle ne prétend pas « détenir une vérité absolue » dans la manière de danser le tango, et aime enrichir son enseignement en faisant intervenir des personnes extérieures. Elle propose par exemple d’approfondir son rapport au corps dans le tango, avec Gilles Coullet, qui pratique le « théâtre corporel », ou Hélène Todorovitch, avec laquelle elle travaille sur le périnée. Elle s’entoure également de musiciens, comme Hugo Diaz Cardenas, pour montrer que danse et musique ne font qu’un au tango…
Andrea est très complice avec ses élèves. Beaucoup sont devenus des amis, et même si certains ne dansent plus le tango, elle les revoit toujours. Elle est souvent étonnée des motivations très diverses qui les animent lorsqu’ils choisissent d’apprendre cette danse. Certains cherchent un partenaire de vie, d’autres ont une image préconçue du tango de cinéma et de son côté très passionnel. Mais la majorité vient surtout sentir le plaisir de la danse, cette harmonie à deux, et ce sont eux qui sont les plus fidèles !

Témoignages d’élèves et de danseurs
Didier54 ans, architecte
« Ce qui m’a attiré dans le tango, c’est avant tout la musique. Je ne suis pas un grand danseur, mais j’aime énormément le bandonéon et l’accordéon. Je voulais donc sentir cette connexion entre le corps et la musique. J’aime aussi simplement regarder les gens danser, voir les énergies qui se dégagent. »
Témoignage audio de Didier

Véronique, 48 ans, chargée qualité dans une société de gestion.
« J’ai découvert le tango un été il y a trois ans sur les quais de Seine. J’ai eu le coup de foudre ! J’étais émerveillée de voir tous ces couples évoluer en harmonie au rythme de la musique. Quelqu’un sur la piste m’a dit : « Venez danser, au lieu de rêver ! », et quelques semaines plus tard, je m’inscrivais à mon premier cours ! »
Témoignage audio de Véronique
Stéphane, 54 ans, informaticien
« Ce que j’aime particulièrement dans le tango, c’est la grande diversité des gens qui le pratiquent. C’est un véritable miroir de la société, et même de l’humanité ! Il y a des petits, des grands, des minces, des gros, des jeunes, des vieux, et plein de personnalités qui se détachent du lot. On peut raconter des histoires rien qu’en regardant les gens danser. Et c’est un plaisir accessible à tous ! »
Témoignage audio de Stéphane
Seyf, 34 ans, architecte
« C’est une histoire d’amour qui m’a mené vers le tango. Ma petite amie aimait beaucoup la danse, moi moins. Un jour, elle est partie en Inde pour 3 mois et notre couple n’allait pas très bien. J’ai décidé de mettre à profit son absence pour apprendre une danse qu’elle ne connaissait pas et ainsi tenter de la reconquérir. J’ai pris des cours intensifs de tango pendant 3 mois, et je lui ai fait la surprise à son retour. Et ça a marché ! Aujourd’hui nous ne sommes plus ensemble, mais j’ai gardé un réel goût pour cette danse, qui me rappelle tant de bons souvenirs… »
Julie, 29 ans, étudiante
« J’ai découvert le tango un peu par hasard, en remplaçant un ami un jour au Théâtre de Verre. J’ai commencé à prendre des cours, puis je suis partie vivre en Uruguay. Là-bas, les danseurs sont vraiment en phase avec la musique, et surtout avec les paroles des chansons. Elles sont souvent écrites par des écrivains ou des poètes, et ce sont elles qui guident le danseur et donnent le ton au tango : plutôt mélancolique, enjoué, sensuel… C’est cette interprétation de la musique qui m’a manqué ensuite dans les milongas parisiennes. Mais aujourd’hui j’ai réussi à passer outre, et je reviens toujours avec plaisir danser au théâtre de Verre ! »

Le Théâtre de Verre
Le lieu dans lequel se pratique le tango tient une place très importante pour les danseurs. Beaucoup aiment le Théâtre de Verre pour son atmosphère unique, ce mélange de convivialité et de diversité. Car c’est plus qu’un simple lieu : c’est un collectif d’artistes multidisciplinaires… et nomades ! Il tire son nom du premier endroit au sein duquel il a vu le jour dans le XII ème arrondissement : une ancienne vitrerie-miroiterie. Depuis 2009, il est hébergé au 17 rue de la Chapelle, dans le XVIII ème arrondissement. Il s’est parfaitement intégré dans ce quartier populaire, à la mixité sociale importante. Ici se côtoient danseurs, peintres, acteurs, musiciens, acrobates… Bref, c’est un lieu ouvert à tous et à tous les artistes !

Pour Andrea Bordos, le lieu est parfaitement en accord avec la pratique du tango en Argentine. C’est une danse populaire à l’origine, née dans la banlieue pauvre de Buenos Aires. Elle n’est pas destinée à une élite. Au théâtre de Verre, la pratique coûte 3 euros, avec en prime un cuisinier uruguayen qui mitonne de bons petits plats ! Certains danseurs sont en jean et baskets, d’autres en robe et chaussures à talons… C’est une pratique accessible à tous ! Les danseurs viennent de tous les milieux sociaux, de toutes les origines, et se retrouvent pour partager une passion commune. Le tango est un véritable créateur de lien social !
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Article et interviews réalisés par Sophie Hamza

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